Du 29 septembre au 27 octobre. Clap de fin pour la Foire aux Vins de Cora

Avec la fermeture des sept Cora belges, les derniers à avoir résisté, c’est un acteur important pour les amateurs de vin qui nous quitte. Plus dans un esprit « caviste » que « grand distributeur », l’enseigne du Groupe Louis Delhaize pouvait se permettre des achats souvent plus « pointus » que ses concurrents au vu de sa taille modeste. Derrière les choix judicieux (surtout en Vallée du Rhône, Languedoc et Roussillon), l’organisation des fameuses dégustations d’avant foire aux vins et le site « corawine », il y a un homme qui fut le sélectionneur des innombrables références que l’on pouvait trouver dans les rayons. Les auteurs de ces lignes souhaitent rendre hommage à Alain Renier, l’âme vinicole de Cora. L’homme n’a jamais cultivé la langue de bois lors de nos fréquentes rencontres. On pouvait lui poser toutes les questions et étions certains que ses réponses correspondaient à la réalité même si parfois elles pouvaient être quelque peu embarassantes. Avec cette dernière foire aux vins, il semble avoir voulu mettre en évidence les producteurs qui ont suivis cette jolie aventure, pour certains depuis de nombreuses années. Alors, ne boudons pas notre (dernier) plaisir. Voici quelques incontournables à ne pas hésiter lors de vos dernières visites de l’enseigne.

Patrick Fiévez et Jacques Gièrs

1612 Grand Viognier 2024, Cellier des Chartreux, IGP Gard (Rhône)

L’irrésistible cépage viognier nous séduit ici avec ses évocations florales (fleurs blanches printanières) et fruitées (abricot bien mûr). Du gras, de la fraîcheur, de l’intensité. Vers 8-10°, voilà un parfait compagnon de bouchée à la Reine (donc avec ris de veau) et gratin de queues d’écrevisses. Une étoile au Guide Hachette 2026

Château Sociando-Mallet, Haut-Médoc 2023 (Bordeaux)

Jean Gautreau avait conscience du potentiel qualitatif du terroir de Saint-Seurin-de- Cadourne. Sa fille Sylvie a pris la relève après le décès de son père. 85 ha de vignes plantées sur des graves le long de l’estuaire de la Gironde : un terroir parfait pour le cabernet-sauvignon mais aussi pour le merlot majoritaire (63%) dans ce millésime. Un boisé bien intégré, un fruit présent et des tanins qui vont se fondre d’ici 2, 3 ans. Elégant et racé : un des meilleurs vins du Haut-Médoc ! On peut déjà le déguster mais apogée prévue dans 5,6 ans, voire davantage. Avec un magret de canard.

Domaine du Grapillon d’Or « 1806 », Gigondas 2022 (Rhône)

Au pied des célèbres Dentelles de Montmirail, ce Cru rhodanien est réputé pour donner des rouges puissants et charpentés. Grenache et syrah sont élevés 12 mois en foudres de chêne. On décèle à la dégustation des notes de fruits rouges sur une accise un peu boisée. On termine par des évocations épicées et une pointe de réglisse. Il a encore un potentiel de garde de 6 à 8 ans. Avec la saison du gibier qui arrive, on le retrouvera volontiers avec un civet de marcassin. Médaille d’Or au Concours général Agricole de Paris.

Domaine Olivier « Vieilles Vignes », Saint-Nicolas de Bourgueil 2022 (Loire)

 Cépage emblématique de la Touraine, le cabernet-franc issu de vieilles vignes est ici élevé en fûts : un apport boisé toutefois discret. De cette année de belle maturité, on découvre un rouge au fruité flatteur, une bouche caressante aux tanins bien mûrs. Du volume et du corps. Vers 16°, pour accompagner des oiseaux sans tête, un pintadeau rôti, un camembert de Normandie bien affiné.

Château de Chantegrive, Cuvée Caroline, Graves blanc 2024 (Bordeaux)

La famille Lévêque propose avec succès tous les ans cette cuvée de blanc associant sauvignon et sémillon. Elevée en barrique, elle s’exprime par un nez floral et une bouche où l’on devine les clins d’yeux aux fruits tropicaux et un juste boisé. Ampleur et souplesse. Dans l’assiette ? Saint-Jacques à la crème.

Château Chasse-Spleen, Moulis-en-Médoc 2023 (Bordeaux)

Cette appellation du Médoc est un peu en retrait de notoriété par rapport à ses voisins. Chase-Spleen, dont les vignes se situent entre Margaux et Saint-Julien, est sans doute le plus réputé des Moulis grâce à son grand terroir de graves. Cabernet-sauvignon, légèrement dominant, merlot et petit verdot, nous livrent un vin davantage sur l’élégance que la puissance. Le boisé est maîtrisé (autour de 40% de barriques neuves) et son expression fruitée, ses tanins mûrs, participent au charme de ce rouge à boire dans les 5-8 ans. Avec une côte de veau aux cèpes.