« Il » est arrivé !

Même s’il ne suscite plus autant d’engouement que par la passé, la sortie des Beaujolais Nouveaux demeure, pour tout amateur, une jolie et joyeuse parenthèse entre les rosés de l’été et les rouges automnaux/hivernaux qui se prêtent aux spécialités gourmandes actuelles. « Un sourire de l’été au coeur de l’automne ».

L’histoire

Les bars et restaurants lyonnais (les « bouchons ») achetaient, en petits tonneaux, le vin nouveau qu’ils servaient à leurs clients dès le mois de novembre. En toute illégalité. Ce n’est que depuis 1951, qu’une dérogation fut officialisée permettant de vendre, dès la mi novembre, le vin de l’année. Avant, il était interdit d’en commercialiser avant le 15 décembre. La naissance officielle du Beaujolais Nouveau remonte à cette année.

La mauvaise réputation

Succès (mondial) aidant, les producteurs firent n’importe quoi : chaptalisation (rajout de sucre dans le moût du raisin pour augmenter le taux d’alcool) outrancière, utilisation de levures artificielles pour faire péter les arômes (le « fameux » goût de banane), notes amyliques ressemblant, au nez, à un dissolvant pour vernis à ongles. Cette époque, semble, heureusement, révolue.

Le millésime 2020

Une année atypique. Chaude, très chaude, pour des primeurs solaires et gourmands. Les vendanges ont débuté le 24 août (les plus précoces depuis2003). Leur profil ? Robe soutenue, notes de fruits mûrs, ample mais sachant toutefois (pour la plupart) préserver une fraîcheur bienvenue. « Ce n’est pas un Primeur éphémère », pointe le Comité interprofessionnel du Beaujolais. Traduisez : il sera agréable durant plusieurs mois. Pas faux.

Une première dégustation, ce jeudi matin…

… Démontre effectivement le profil atypique de ce millésime. Alors, pour les amateurs de Primeur dans un esprit originel (du fruit et encore du fruit), un conseil : privilégiez le « simple » Beaujolais Primeur au Beaujolais Villages Primeur. Bel exemple : Celui de Delhaize. De plus, il ne titre que 12° bien dans la logique originelle de ce type de vin (en promo jusqu’au 6 décembre à 3,74€).

Les « Villages », s’ils délivrent avec eux un fruité typé gamay mûr, apportent aussi davantage d’ampleur sans le côté « fruité explosif ». Des exemples ? « Pavillon de la Palud » (fruité discret, charnu) chez Carrefour (4,89€). Côté caviste, j’ai aussi goûté le Domaine des Nugues (en Villages), aux arômes de fruits noirs, une caractéristique, semble-t-il, de l’année (8,50€ Vins Pirard à Genappe, Gerpinnes, Grez-Doiceau, Uccle). 

Sa température idéale ? 

Vers 12, 13°. Plus basse, les tanins ressortent et agressent le palais.

Le « pot lyonnais »

Vins Pirard propose aussi un Beaujolais-Villages dans le conditionnement traditionnel servi dans les « bouchons » lyonnais. De 46cl à l’origine, celui-ci, également en verre transparent au fond épais, a une contenance de 50 cl (Maison Pierre Ferraud, 7,60€).

Patrick Fiévez